
Date d'inscription : 23/06/2019
Fruit / Légume : pitaya
Métier/Etude : caissier dans un 24/7
T’as les idées en vrac, t’as le cerveau qui dérape. T’as les doigts qui glissent, les membres qui tremblent. T’as le regard qui se fait la malle, ça se floute, tu te noies. Tu te noies dans ton bordel, tu te noies dans l’alcool. Tu as pris un verre, encore un, peut-être le verre de trop. Celui qui te fera regretter ta soirée, celui qui te fera regretter d’être sorti, d’en avoir trop pris. Mais en attendant, tu es bien, tu es détendu. Tes yeux se perdent sur la population, tu ne vois rien de bien distinct, tu ne vois rien de bien fameux. Comme s’il y avait du brouillard, comme si on t’avait mis un voile sur la face. Tu commandes un nouveau verre, le liquide fait son chemin jusqu’à ta gorge avant que tu n’ailles sur la « piste de danse » ou simplement l’endroit où l’on peut se frotter vulgairement sans que ça ne paraisse déplacé. Sans que l’on vous regarde de travers parce que les gestes que vous faîtes sont beaucoup trop ostentatoires, beaucoup trop vulgaires. Tu n’aimes pas forcément danser mais aujourd’hui tu ne sais plus, tu ne comprends plus et plus que les autres jours tu as envie d’oublier.
Tu voudrais que tout sorte de ta mémoire, que les souvenirs se fassent la malle, qu’ils comprennent que tu n’en veux plus, que tu en as marre d’eux ; tu voudrais que rien qu’une fois, ils te laissent tranquille. Qu’ils t’abandonnent. Te quittent. Que vous divorciez ; tu voudrais te séparer d’eux, et les oublier. Juste, les laisser filer. C’est ça que tu aimes dans ces nuits où tu n’es plus toi, où tu ne te souviens plus de ton nom. C’est ce que tu aimes, quand tu bois trop. Tu as l’impression d’être libéré, d’être quelqu’un d’autre. Tu as l’impression que tu n’as plus besoin de penser, de réfléchir, que tu n’as tout simplement plus besoin d’exister comme tu l’as fait jusqu’à présent. Tu es quelqu’un d’autre et tu apprécies tellement être dans la peau de cet autre toi, que tu recommences. Trop souvent peut-être. Tu recommences et tu t’oublies. Tu ne sais plus à quoi tu ressembles, tu ne sais plus comment tu t’appelles. Qui es-tu ?
Ton corps contre le sien, tu te déhanches, tu passes d’un inconnu à un autre, tu t’en fiches. T’as le débardeur qui part en couille, t’as le pantalon trop bas, t’as le corps transpirant, les joues rouges, les lèvres gonflées de baisers échangés avec n’importe qui, n’importe quoi. Tu es tellement bourré que tu ne marches même plus droit. T’es un peu lourd, tu fais rire. Tu n’entends plus la musique, trop forte, dérangeante, tu ne supportes plus les lumières qui éclairent chaque corps, qui par moment découvre des faces inconnues. Elle est aveuglante. Elle est énervante. Tu as soif, encore. Tu as envie d’une clope. Peut-être pas que d’une clope, en fait. T’as envie de te foutre par terre ce soir, t’as envie de tout abandonner, de tout laisser aller. « T’vas chercher un verre ? » murmure-t-il à ton oreille, ses lèvres glissant dans ton cou. Qui est-il ? Tu fronces les sourcils, tu le pousses, gentiment, un peu fort quand même parce qu’il se cogne contre un autre.
Ça va pas aller là, ça va mal finir.
Alors tu t’échappes, tu t’extirpes d’entre les corps ondulant comme des serpents apprivoisés au son de la flute et tu te diriges un peu titubant jusqu’au bar, tu t’y accoudes, tu prends ta tête entre tes mains et tu soupires. Tes yeux parcourent le bar, tu les plisses parce que c’est dur de voir tout de même, c’est dur de comprendre ce qui se passe quand on a la tête qui tourne, quand on a les muscles qui tirent. Tu regardes, encore, tu commandes un nouveau verre. Quelque chose de fort. Il faut que tu te réveilles, rien qu’un peu, que tu reprennes des forces. Et tu le regardes. Lui. Ton regard s’est arrêté, il ne s’est pas décroché de son visage fermé. Il est seul ? Il a l’air, seul. Complètement seul. Le hasard fait bien les choses -c'est ce que tu penses, soudainement. Tu ne sais pas si c’est la tristesse qui se lit sur son visage ou peut-être est-ce sur le tien ? Tu n’es pas en état de voir quoi que ce soit, tu n’es pas en état de deviner quoi que ce soit, mais tu t’en fiches. Tu prends le verre qu’on vient de te servir, tu ne le bois pas de suite. Tes mains tremblent encore, le liquide est secoué. Tu te fais un chemin là où tu peux, tu essayes en tout cas de passer. De le rejoindre.
« T’es seul ? » Que tu demandes, t’accoudant près de lui. Tu fais des erreurs, tu en fais tout le temps. Tu les répètes, encore, et encore, et peut-être qu'Orion était ta plus grosse erreur, celle que tu n'arriveras jamais à effacer. Tu es seul que tu lui demandes, comme s'il allait te répondre, comme s'il allait dire oui, comme s'il pouvait être seul, lui.
Tu ris.






Date d'inscription : 23/12/2019
Fruit / Légume : Kumquat
Métier/Etude : Fleuriste/Dealer à ses heures perdu






Date d'inscription : 23/06/2019
Fruit / Légume : pitaya
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Plus maintenant, frisson. Ses mots sont une caresse invisible, ton cœur loupe un battement. Tu as l'impression de ne plus respirer, d'étouffer. Dandelion, ça ne va pas. Delly, c'est ce qu'il a dit. Ton prénom qui coule contre ses lèvres, poison assourdissant, tu voudrais oublier chaque syllabe prononcée, tu voudrais qu'elles te soient gravées dans la peau au fer rouge tu voudrais que partout son Selly sonne encore, que tout le monde l'entende.
Ou peut-être que non, peut-être que tu veux être le seul à pouvoir le savoir, le déguster, ce prénom qu'il souffle, ce prénom qu'il connaît si bien, ce Delly qui n'est qu'à lui.
Mais tu ne comprends pas tout ça, tu ne sais pas, tu le caches, parce qu'il ne veut pas le voir, parce qu'il ne veut pas l'entendre, parce que toi aussi tu es aveugle, parce que vous jouez tous les deux, jeux dangereux,
un, deux, trois, soleil, le premier qui bouge a perdu.
Tu as perdu.
Et tu voudrais faire pareil. Tu voudrais souffler Orion. Tu voudrais le voir chavirer, naufragé, tu voudrais lui faire le même effet le ravager.
Tu ne t'en crois pas capable, mais tu ne sais rien Dandelion, ignorant.
Tu voudrais le voir en difficulté, ne serait-ce qu'une fois peut-être, tu voudrais l'aider. Mais tu le sais, ce n'est pas comme ça que cela se passe. Ce n'est pas comme ça que vous le voyez, que tu le vois.
Tu ne comprends rien.
Et l'alcool dans ton sang bouillonne, tourbillonne, le monde autour de toi tourne sans cesse, sans cesse, sans cesse, le monde fait des tours qui te font rire.
Longtemps. Tu ne sais pas.
Tu as perdu la notion du temps. Ça n'existe plus, ce genre de choses. Ça n'a jamais existé.
Parce qu'avec le temps, tout s'en va, et pourtant, ton cœur est là, il bat.
Il bat fort.
Trop fort.
Tu voudrais dire que non, que c'est un mensonge, que tu viens d'arriver. Ça ne se voit pas ? Tu aimerais lui donner tort quand il a raison et lui donner raison quand il a tort. Tu ne veux pas de ces reproches, tu ne veux pas de ces accusons. Et alors ? Mais les mots restent bloqués au creux de ta gorge, rien ne vient, rien ne s'échappe.
Rien ne blesse aujourd'hui. Ni toi, ni lui.
Vous n'avez pas mal.
La tentation. Le diable. La chaleur qui court dans ton bras. L'envie de dire serre-moi, serre-moi plus fort encore. Tes doigts qui se posent sur les siens. Tes doigts contre son poignet. Lâche-moi, avant que tu ne deviennes fou, avant que tu ne craques, avant que vous ne regrettiez encore chacun de vos actes, avant de vous haïr un peu plus encore pour ces erreurs qui auraient pu être évitées.
Égarés.
Vous vous êtes perdus un instant.
« Pourquoi ? » pourquoi est-ce qu'il veut renter, pourquoi est-ce qu'il est si pressé, pourquoi est-ce qu'il te le dit à toi, pourquoi est-ce qu'il t'attire dans ses filets.
Tu secoues la tête, tu ris, ça fait mal.
« Rentrer où ? », chez toi, chez moi, il n'y a pas de réponses. Tu ne veux pas rentrer. Tu ne veux pas regretter. Tu ne veux pas que ça se termine. Tu as l'impression qu'en dehors de ces murs la réalité se fera dure, blessante et que tout ça, ce n'était qu'un rêve, qu'une impression, qu'un mirage... Est-il vraiment là ?
Ta main qui se glisse dans la sienne, tu serres fort, si fort que tu as mal, peut-être lui aussi.
Ce n'est pas un rêve.
Tu ris encore, extase sans fin.
« Je ne suis pas Cendrillon ! », tu te plains en rigolant et tu le tires, tu veux danser toute la nuit, tu veux continuer de rêver encore un peu, oublier, t'oublier avec lui, l'oublier un peu aussi.
Tes bras autour de lui, « danse ! » que tu lui dis, comme s'il allait faire, comme s'il allait t'écouter.
Et peut-etre qu'il avait raison.
Peut-être qu'il serait mieux de rentrer.
D'arrêter.






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Fruit / Légume : Kumquat
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Date d'inscription : 23/06/2019
Fruit / Légume : pitaya
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On s'amusait bien qui résonne dans tes tympans, la musique est trop forte, tu ne sais plus qui te parle, tu as déjà oublié le visage de cet inconnu ; il n'y avait plus que Orion dans ton monde et les autres, ils ne comptaient plus.
Jamais.
S'ils savaient à quel point tu t'en foutais, à quel point tu n'en avais rien à faire de leurs sentiments, de leurs envies, de leur vie quand Orion est ici, quand Orion est près de toi, quand Orion te prend la main et danse, danse, ça tourne beaucoup trop fort, beaucoup trop vite, tu ne comprends plus ce qu'il se passe.
Une voix s'élève et c'est ton coeur qui tremble, tu ne la connais que trop bien, la seule que tu entends, et tes yeux s'écarquilles, regard incrédule, perdu, pourquoi ? Tu as envie de lui demander pourquoi est-ce qu'il crie, pourquoi est-ce qu'il dit ça, pourquoi est-ce qu'il ne doit pas te toucher, pourquoi, pourquoi, pourquoi... Tu as les interrogations au bord des lèvres mais jamais elles ne viennent.
Tu as peur.
Peur de la réponse qu'il peut donner.
Peur de la réponse qu'il peut inventer.
Peur de la réponse qui te ferait trembler.
Tu as si peur de la vérité, tu préfères l'éviter. Fuite en avant. Tu voudrais soudainement partir ; tu ne veux pas qu'il voit ça de toi, ce côté-là, celui qui tremble pour lui, celui qui pleure pour lui, celui qui est transit pour lui, celui qu'il déteste, celui qu'il fuit, celui qui vous sépare petit à petit.
Celui qu'il fait semblant de ne pas voir.
Tu ne comprends pas.
Tu ne le comprends pas.
Tu ne comprends jamais Orion, tu ne le comprends plus.
Le souffle court, tu voudrais que tout s'arrête, mettre le monde en pause, effacer les erreurs du passé.
Où seriez-vous si tout ça n'était pas arrivé ? Si vous n'aviez pas craqué ? Si vous n'aviez pas écouté vos coeurs d'adolescents, ceux qui criaient la vérité, mensonges.
« Stop, stop, stop... » que tu murmures pour toi, pour les autres, mais personne ne t'entend, bien sûr que personne ne t'entends. Tu n'as pas le courage de le dire vraiment, pas le courage de le retenir, et peut-être qu'au fond ça te plaît de te voir ainsi protégé, de l'entendre crier sur les autres, pour une fois que ce n'est pas toi. Peut-être que ça te plait de savoir que ça ne va pas, qu'il ne veut pas.
Tu as le coeur qui bat.
Fort,
trop fort sûrement,
comme si la mort t'attendait.
Le point de rupture, le poing qui s'abat,
ton coeur s'arrête.
Tu ne sais pas ce qu'il se passe mais les gens s'arrêtent, certains, et pour d'autres le monde continue de tourner, comme ça, comme si de rien était.
Hors du temps.
« Orion ! », tu as crié, hurlé, tu as mal aux poumons, mal au coeur. Tes doigts sur ses biceps, tu veux le retenir, tu veux qu'il arrête, tu veux qu'ils soient gravés là, dans sa peau, pour lui rappeler qu'encore une fois il venait de tout gâcher.
C'est la fin de la fête, on rentre à la maison, comme toujours, c'est fini, ce n'est jamais bien long.
Vous vous retrouvez dehors, lui, toi, les autres peut-être aussi, tu ne sais pas, ça ne t'intéresse pas et tes doigts sont toujours serrés sur son bras, tu ne veux pas le lâcher, tu ne veux vraiment pas, tu as peur qu'il disparaisse, peur qu'il devienne fou encore,
tu as peur.
Il y a le sang sur ses mains, sûrement celui de sa victime, peut-être qu'il gardera des bleus de cette soirée, bleus sur les mains, bleus au coeur.
Coeur.
Tu as le coeur qui se serre, toi, fort, très fort, ça fait mal, trop mal. « Pourquoi est-ce que tu as fait ça... ? » et tu lâches ton emprise de son bras pour prendre l'une de ses mains, pour la regarder, la caresser, essayer de faire partir les tâches, ces tâches qui ne partiront jamais, elles seront là, dans vos esprits, comme les autres, comme toutes vos erreurs. « Pourquoi, hein... ? Pourquoi... ? » que tu demandes encore.
Toujours des pourquoi auxquels il ne répond pas, jamais, parce qu'il ne veut pas, parce que tu n'es pas sûr de vouloir non plus.
Ce soir, tu n'es plus sûr de rien.
Tu n'oses pas regarder son visage, tu ne veux pas le regarder ; tu risquerais de te mettre à pleurer, mais il ne faut pas pleurer devant Orion, tu n'as pas le droit. Il faut être fort, grand, adulte.
Il faut être comme lui, tu crois, peut-être. Et tu renifles sans grâce, parce que tu te retiens, parce que tu te bats avec toi-même (pas avec les autres, toi, tu sais pas faire ça) et tu voudrais lui dire merci, merci mais ça ne trouve pas son chemin, alors il ne reste que les pourquoi.
« On s'amusait bien, pourtant... »
Les mots en trop, les mots qui vont chavirer.
Désolé.






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